Course en Tête…de Balme !

Quelque trois cents participants ( dont Eugénie Schornoz, Céline Tornay et Chantal Daucourt, qui ont remporté le scratch féminin) ont pris le départ du Trophée Tête de Balme du côté de Trient, course qui fêtait sa dixième édition le 11 janvier. Sur un parcours magnifiquement tracé, les athlètes aguerris tout comme les populaires ont pu apprécier la beauté du paysage grâce à de superbes conditions météo et au travail de nombreux bénévoles réunis pour mener à bien cet événement biennal. Retour sur la compétition en immersion.

A quelques secondes du coup de pistolet initial, les pensées comme à l’accoutumée gambergent, se contredisent, s’affolent : « Mais qu’est-ce que je fais là ?, Qu’est-ce qui m’a pris de m’inscrire ? » Ces questions restées sans réponse au moment de rentrer dans le vif du sujet demeureront encore lancinantes plusieurs minutes après s’être élancés sur le premier tronçon qui comprend une partie sur route goudronnée : la neige faisant défaut, les skis sont fixés au sac, les chaussures en position marche ( pour ceux qui ont judicieusement pensé à ce paramètre…). Le début de parcours ressemble furieusement au départ d’un trail plus lesté…atteint le chemin, le souffle bousculé tout comme les skis dans la mêlée, la montée se dessine dans la forêt. Des connaissances vous devancent allégrement, le sourire aux lèvres et la parole aisée, lançant un inévitable « Bonne montée, à tout à l’heure ! » Oui, elle sera bonne, je le veux, je m’y engage : les gens sont sympas, les bénévoles aux petits soins, la météo offre des températures clémentes et un soleil de janvier imperturbable. Les extrémités n’ont même pas encore gelé, signe encourageant. Soulagement bienvenu, les peaux résistent à la neige et tractent nos corps échauffés. Les glissades inopinées n’ont pas la récurrence qui justifierait une cadence plus lente. Le rythme plutôt soutenu des départs en fanfare aura tôt fait toutefois de se calmer naturellement, bridé par des contingences physiques. Le souffle se fait plus court et apaise les vélléités de coureurs à l’aube de leur préparation hivernale.  

Au moment d’attaquer la descente après le dernier poste à Tête de Balme, certains concurrents laissent exploser leur joie : le plus dur est ( presque) fait ! @Mika Merikanto

Deux postes accueillants

Dans cette montée bordée de sapins, les pensées contradictoires ressurgissent, tandis que la respiration se fait plus profonde en s’accordant au rythme que lui imposent des jambes désemparées devant l’embarras du choix : trace de gauche, de droite ou centrale ? Une loterie dont l’issue ne sera souvent pas gagnante, mes deux amis qui complètent notre patrouille ma foi tributaires de mes choix ont les reins solides et suivent sans rechigner. Au sortir de la forêt, le sommet de la première montée se dévoile. Un peu moins de 1000 mètres de dénivelé sont déjà inscrits au compteur lorsque les bénévoles sis au poste de Carraye accueillent les concurrents en leur montrant le chemin : une petite portion de descente avalée tant bien que mal en bouffant de la neige nous amène rapidement au poste suivant. Il s’agit de repeauter pour quelques mètres seulement, car le couac ne se fait pas attendre : l’une de mes peaux de «  pro » ne colle plus, suite au changement. Une patrouille salvatrice et magnifiquement fair-play prend l’incident en main : Lionel Cajeux se dévoue et me tend ses peaux de secours. Un geste bienveillant qui fait chaud au cœur et qui donne des ailes. La suite de la montée se fait sans encombres. Les premiers du départ de 10h30 nous rattrapent à quelques encablures du sommet, après un petit portage aux marches bien taillées. Moment de pur bonheur que celui d’être accueillis à bras ouverts par le chaleureux président de Trient Bertrand Savioz, le guide Jean-Luc Lugon ou ma tata Marina venue encourager l’équipe fusée de son mari René, son fils Célien et de leur ami Nicolas. 

Stéphane Abbet, Yves Luisier et Riri Nicollerat, dignes représentants des Toutangueules, fêtaient en patrouilleurs fidèles les dix éditions du Trophée, auxquelles ils ont toutes participé.

Allez, un dernier effort sur les cuisses dans une descente pas si simple, mais offrant une neige docile. Un petit encouragement bienvenu d’un bénévole, l’apiculteur et skieur émérite Paul Gay-Crosier, avant de rejoindre tout schuss le point de départ.  La satisfaction d’être venu à bout de cette première épreuve de la saison n’a d’égale que celle de passer la ligne d’arrivée ensemble :  l’effort en commun décuple l’amitié et rend heureux. A l’image de cette patrouille « légendaire » emmenée par Riri Nicollerat, Stéphane Abbet et Yves Luisier qui partagent, joyeux, le traditionnel vin chaud de l’arrivée. Les deux premiers ont participé aux dix éditions du Trophée, le troisième à 8, dans la simplicité et la convivialité. Si la plupart ne sont pas repartis médailles au cou, tous gardent le souvenir d’étoiles dans les yeux.

Romy Moret

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