Jean Troillet, dans la magie de l’instant présent

Il est des rencontres qui tonifient le moral, revifient l’instinct, éveille l’inspiration ; celle avec Jean Troillet, un magnifique jour d’automne, fait partie de celles-ci. Dans sa maison à La Fouly, l’alpiniste à jamais associé à cette fameuse face nord du Mont Everest qu’il descendit pour la première fois en snowboard en 1997, nous a accueilli comme seuls ceux qui ont trouvé leur voie savent le faire : avec simplicité, spontanéité et naturel.

Cette aisance dans le rapport humain s’associe chez lui à celle déployée en montagne pour faire de Jean Troillet cet être d’exception qui n’eût point besoin d’argument trop spécifique pour nous ouvrir sa porte et la conversation.  Intéressée par la question de l’alimentation en altitude, Lidwine Szymczykowski, coach sportif et étudiante hetc à Genève, ne trouva pas meilleur interlocuteur que notre fameux guide de montagne de La Fouly depuis 1969. L’alpiniste hors norme compte en effet à son actif dix sommets de plus de 8000 mètres, tous vaincus en style alpin et sans apport d’oxygène, dont l’Everest en 1986 dont il garde un très vif souvenir évidemment : « La photo du sommet, couché dans la neige , avec Erhardt, c’est le summum. Je l’adore celle-là. Nul besoin de s’alimenter dans ces moments-là. » Il est évident que le bonheur d’une telle intensité rassasie.

Dans la beauté du cadre offert par la Fouly, Lidwine a posé ses questions à l’alpiniste Jean Troillet.

 50 ans d’alpinisme, ça a forgé le caractère et l’esprit de Jean de fort belle manière : « Dans la vie, seul le moment présent est réel. Le passé ne compte pas, l’avenir fait partie du présent. » A 72 ans, originaire d’Orsières ayant grandi à la Fouly, Jean poursuit sa vie au même rythme : avec la sensation consciente d’être vivant, de toujours maintenir cette énergie qu’on a parfois tenté de réprimer lorsqu’il était élève sur les bancs d’école. « La vie s’apprend au contact de la nature, à l’extérieur, c’est ce que je transmets. » Avec sa Fondation et ses exploits comme points d’ancrage, Jean poursuit sa quête de sens qui prend des accents canadiens. « J’ai voulu avoir la double nationalité. J’aime ce pays dans lequel j’envisage de vivre mes vieux jours. » Ses projets ? « Ma famille et l’amitié sont mes trésors inestimables, il n’y a que ça de vrai. Le reste est certes sympa, mais ne comporte rien d’essentiel. »

Romy Moret

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