Sébastien Olesen a le cœur qui PALP

Installé à Bruson, Sébastien Olesen fourmille d’idées dans le désormais renommé village du PALP, stupéfiant et grandissant festival qui a acquis ses lettres de noblesse en liant musique, culture et terroir. Dans ce nouveau « laboratoire de montagne », l’entreprenant jeune homme à la tête d’un festival hors du commun, désire donner une autre dimension à ce projet déjà surprenant : le défi qu’il va relever avec le team qui l’épaule consiste à faire de Bruson un centre d’innovation en montagne, ralliant le tourisme à une aventure qui prend encore un peu plus d’envergure. 

« La création du PALP a débuté à Martigny ». Sébastien remonte le temps pour expliquer un projet fort original dont il est en grande partie à l’origine : « Nous nous devions de nous démarquer de l’offre des festivals du moment. » Ainsi fut fait si l’on en juge simplement par l’une des idées concrétisées sur la Place Centrale de Martigny : « Nous avons proposé entre autres des sons sur les balcons des habitants, vingt minutes de concerts par espace et tous les styles de musique…. Il fallait oser. » Bien vu, puisque ce fut un carton. Mais l’événement qui a véritablement enrayé la naissance et la croissance d’un projet ovni qui a tissé sa toile dans d’autres communes est l’enregistrement des sons du fromage à raclette, par le biais d’un concours de musique online, salué notamment par Nicolas Bideau : « Cette reconnaissance venue de l’extérieur a créé un véritable tournant, a fait invariablement tourner le vent du PALP en direction d’un projet global. »

Polyvalent, impliqué et persévérant 

Mais qui est le directeur de ce PALP, concept qui « mène hors des sentiers battus à travers des découvertes artistiques, musicales et gourmandes, entre plaines et montagnes, villes et villages, bourgades et forêts de mélèzes », et qui essaime dans plusieurs communes valaisannes telles que Bagnes, Martigny, Sion, Sierre ?… Un fervent amoureux de la culture, polyvalent, méticuleux, très impliqué, persévérant et très porté sur le suivi des chiffres : « Je suis de très près les budgets, pour bien prévoir les coûts. J’ai cette rigueur scientifique de comptable pas incompatible à la création : j’aime tisser des liens, laisser carte blanche. Je suis tout le temps dans le PALP, toute l’année, parfois presque trop. Mais il est important d’avoir un œil sur tout. » Né au Danemark en 1986, Sébastien grandit à Martigny, ville de culture, et s’investit déjà pendant ses études au Collège des Creusets dans l’association des Caves du Manoir : « Avec la programmation de nombreux concerts de rock, j’ai appris beaucoup de choses. » Fils de Mads Olesen, directeur des Cinq Continents, il a de qui tenir : « Il est clair que j’ai baigné dans un terreau culturel, mais nous ne fonctionnons pas la même chose. Il a une vision artistique plus large, dans le sens où il est plus « musiques du monde » ». 

Vision d’un Valais qui bouge 

Engagé comme administrateur à l’Usine à Genève pendant ses études universitaires en sciences politiques, il fait ses armes dans un monde fascinant : « Je n’ai pas hésité, car c’était une chance une telle place pour un jeune comme moi. Je suis par la suite devenu programmateur et j’ai abandonné l’uni. »Premier choix difficile pour Sébastien, mais déterminant : « J’ai choisi le job, le monde actif. Pendant huit ans, je me suis occupé du repérage, j’ai beaucoup voyagé et organisé de concerts. Je me suis créée un énorme réseau. » Qui allait lui servir pour la création du PALP. Il a d’abord tissé sa propre toile, avant celle du PALP dès 2011, avec Blaise Coutaz. «  On a commencé par prendre le truc à revers, mettant en lien des amis producteurs du coin avec la création artistique. » En 2015, alors qu’il est encore à Genève avec sa femme et son premier enfant, un deuxième choix difficile mais déterminant est fait : « Nous avons pris le risque de développer le PALP. Nous sommes revenus en Valais. » Avec succès. Et avec la vision d’un développement cantonal, d’un Valais qui bouge. « Nous voulons proposer une autre vision touristique, qui mette en valeur les produits locaux, main dans la main avec la culture. Les plus beaux moments du PALP sont ceux qui unissent les gens d’avis différents. Le public de l’électroclette que l’on pourrait croire plutôt porté sur la vodka, s’accoude avec plaisir au bar à fendant qui cartonne d’ailleurs. Les stéréotypes sont agréablement démantelés. »

« Je suis heureux d’être Brusonain, j’ai trouvé mon village. C’est beau de voir comme les gens sont fiers de leur village. Ils sont vrais, fidèles à eux-mêmes, bien ancrés dans leur terroir, mais faciles d’accès. J’aime discuter avec eux, nous ne sommes pas obligés d’être toujours d’accord. Selon moi, il y a un très grand esprit d’ouverture en montagne et un potentiel gigantesque de création. »

Sébastien Olesen, installé depuis deux ans et demi à Bruson avec sa famille

Bruson, village laboratoire

La croissance du PALP est aussi étroitement liée à celle de l’Electroclette : « Bertrand Deslarzes a senti la potentialité de l’événement pour la commune de Bagnes. » Le flair du directeur du Musée de Bagnes a en effet permis de développer un projet en montagne : le Rocklette. Le plus gros projet du PALP en termes de public, sponsors, médias : ils suscite un attrait énorme. « La commune de Bagnes nous a soutenu dès le départ, elle nous a donné la possibilité de développer intelligemment le festival. « Les bureaux du PALP installés à Bruson, Sébastien y voit moult potentialités : « Les communes de montagne ont un potentiel énorme de développement. » En lançant un pôle créatif, en faisant de Bruson un « village laboratoire » en collaboration avec le Musée de Bagnes et le CREPA, le comité du PALP désire créer des liens entre la plaine et la montagne : « Il s’agit de mettre en place des projets qui fassent monter les gens et les confronter à la vie de la montagne. » Mais pas seulement : «  Nous allons créer des liens aussi entre les artistes, autour du patrimoine notamment. Le festival travaille sur la redynamisation de la création dans les villages, au niveau du patrimoine culinaire notamment. » Enfin, le PALP voit plus loin, en se lançant le défi de booster le développement d’une économie locale et participative : « L’objectif du projet est d’impliquer artisans, paysans, villageois, commerçants, défenseurs du patrimoine et acteurs de la région dans le développement d’un centre culturel et touristique précurseur en la matière. »

Romy Moret 

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