Un ciné-cabaret inédit pour commémorer le Combat du Trient de 1844!

Drôles de chamois sur les Tsarfas, un film et un cabaret-théâtre pour un spectacle inédit et original commémorant le 178e anniversaire du Combat du Trient de 1844: c’est le pari de la Confrérire de Vernayaz qui invite à partir sur les traces rocambolesques de Ramon Bochatay du 21 octobre au 27 novembre prochains…

Composé d’une partie cinéma et d’un cabaret-théâtre, ce spectacle inédit et original se propose de commémorer le 178ème anniversaire du Combat du Trient qui a eu lieu à Vernayaz le 21 mai 1844. Il aura fallu trois ans de travail à la Confrérire de Vernayaz pour mettre sur pied cette fiction par le biais d’un film et d’une partie cabaret : pour les besoins de la production, la Confrérire a trouvé le bon équilibre entre jeu amateur et encadrement professionnel : «Certains acteurs du coin jouent leur propre personnage… d’autres des personnages fictifs. Des professionnels ont été engagés par la production : Olivier Chollet pour la réalisation et Pierre-François Fusay pour l’élaboration du storyboard.Le cinéma s’est imposé comme la forme idéale pour raconter cet événement historique ; nous l’avons ensuite prolongé par un spectacle de cabaret afin d’y associer l’aspect festif et burlesque qui caractérise la Confrérire », explique Bernard Vouilloz, à l’origine de ce projet qu’il a imaginé avec l’historienne Véronique Borgeat-Pignat : « Au terme d’une représentation de la Confrérire, elle a suggéré de mettre en valeur le Combat du Trient par un spectacle. L’idée a germé, puis mûri avec l’élaboration d’un scénario ; enfin, elle s’est épanouie avec le concours de la Confrérire qui a participé à l’écriture des textes et l’engagement de Nicolas Tornay, historien et metteur en scène de la partie cabaret. »

« Nous avons lancé l’idée d’un projet qui viserait à mettre en lumière de manière originale le Combat du Trient, cet événement historique valaisan, au retentissement suisse voire même européen, dont plus personne ne parle et qui sous-tend pourtant tous les conflits ultérieurs entre libéraux et conservateurs. »

Véronique Borgeat-Pignat, historienne

Point de départ : la lettre de Cyprien Bochatay

« Après avoir étudié les enjeux économiques, sociaux et historiques de l’époque, il nous fallait un angle d’attaque afin de rembobiner judicieusement le fil du Combat du Trient », résume Bernard. « Nous avons opté pour un regard extérieur, celui d’un certain Ramon Bochatay, un Argentin d’origine valaisanne, qui  entreprend un voyage vers la terre qui a vu naître son ancêtre Cyprien Bochatay de Salvan, émigré en Amérique du sud au milieu du 19ème siècle. Grâce à une lettre retrouvée dans les archives familiales, il désire comprendre ce qui a poussé son ancêtre à émigrer en Amérique à l’aube du 22 mai 1844. Cette lettre s’est imposée comme le point de départ idéal pour donner vie à cette épopée et faire écho aux événements historiques de l’époque ». La fiction voudra ainsi que Ramon débarque à Salvan, accompagné de sa femme Josefina. En filigrane se dessine ainsi au fur et à mesure du film l’élément central et point d’ancrage historique, le Combat du Trient. 

« Embarquer, avec toute l’équipe de réalisation, un village dans un projet de cinéma, c’est une expérience puissante, inoubliable et passionnante. »

Bernard Vouilloz, coordinateur artistique
Cette œuvre de fiction à la fois drôle et émouvante, qui opère un voyage dans le passé avec la complicité des habitants hauts en couleur du lieu, met en scène ce couple argentin qui parcourt les sentiers périlleux d’une histoire locale bien mouvementée. Il aura fallu 3 ans de travail, le concours de nombreux professionnels et amateurs de la région, afin de réaliser cette œuvre de fiction audacieuse : proposant un film et un cabaret, le spectacle redonne vie à un élément central de notre histoire locale : le Combat du Trient.

« Les valeurs pour lesquelles on s’est battu aux XIXème font toujours écho aujourd’hui avec notamment les relations difficiles entre le Haut et le Bas-Valais à établir sereinement. Au XIXème les Bas-Valaisans voulaient une représentation proportionnelle, aujourd’hui les Haut-Valaisans demandent d’être reconnus comme minorité. »

Véronique Borgeat-Pignat, historienne

Conservateurs VS libéraux

Afin d’élaborer le scénario, il a fallu comprendre les enjeux liés au fait historique principal et le placer dans le contexte des grands bouleversements politiques, économiques, religieux, sociaux et culturels qui ont secoué toute l’Europe au XlXème siècle. Bernard Vouilloz et Véronique Borgeat-Pignat se sont donc penchés sur tous ces aspects de cette période mouvementée : « Les tensions sont extrêmes dans le canton du Valais à cette époque. Deux camps s’opposent avec violence : le clan des conservateurs et celui des libéraux. Ces tensions connaissent leur apogée lors du Combat du Trient du 21 mai 1844», contextualise Véronique. « Lors de ce combat chacun s’est battu pour des valeurs, jusqu’à la mort. Ce sont des questions qui sont encore d’actualité, mais dont on ne parle plus, parce qu’elles remuent beaucoup d’histoires de famille. (Aujourd’hui dans certains villages, on trouve encore des radicaux qui ne parlent pas aux conservateurs malgré le fait que l’origine de ces confits se soit perdue : les gens ne savent plus pourquoi ils doivent détester telle ou telle famille.) Je trouvais intéressant que les gens d’aujourd’hui qui se battent toujours pour les valeurs d’égalité et de fraternité aient l’opportunité par le biais de ce spectacle de savoir d’où ils viennent en quelque sorte. »

Le déroulement du combat du Trient

A l’aube, les libéraux de la Jeune Suisse partent de Martigny avec 600 hommes. Arrivés à la hauteur des Iles, la troupe se divise en deux bras.

L’un quitte la grand ‘route et se dirige vers l’embouchure du Trient pour le passer à gué et ensuite remonter sur la rive gauche. L’autre colonne doit attaquer le pont en longeant le Mont d’Ottan.

Mais en embuscade dans les Tsarfas, entre Vernayaz et Gueuroz, cachés derrière les hauts murs bordant le Trient ou encore camouflés vers le pont couvert, les conservateurs de Salvan renforcés par 500 hommes venus du Val d’Illiez, tendent un guet-apens aux soldats de la Jeune Suisse.

Lorsque les libéraux qui longeaient le Mont d’Ottan arrivent à la hauteur de la Verrerie, ils sont assaillis d’une grêle de balles envoyées par les carabiniers de la Vieille Suisse. De leurs positions dominantes, les conservateurs sont protégés des balles. L’autre partie de la troupe libérale qui devait prendre à revers l’ennemi conservateur n’arrive pas à temps, et c’est la débandade. Quelques soldats libéraux parviennent à se positionner dans le village de Vernayaz où un incendie se déclare.

Ce combat marque la victoire du clan conservateur de la Vieille Suisse sur le clan libéral de la Jeune Suisse.
Mais les bruits de bottes du Sonderbund résonnent déjà dans le canton. L’instauration de la Suisse moderne, grâce à l’engagement pacifiste du général Dufour, verra le jour en 1848.

Dès lors, la Suisse ne connaît plus de guerre civile. La négociation et le consensus guident désormais la marche du pays.

Infos pratiques

Cinéma – Cabaret Drôles de chamois sur les Tsarfas:

du 21 octobre au 27 novembre 2022, 20h les vendredis et samedis, 17h les dimanches, Boulodrome de Vernayaz. Infos et billeterie sur www.cine-cabaret-vernayaz.ch ou Design floral à Vernayaz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *