José Mittaz raconte l’Hospice à Christian Constantin

Quand l’entrepreneur rencontre le chanoine, un petit événement s’imbrique dans la grande histoire. Penchés ensemble sur le passé, ils ont effleuré quelques secrets… En ce beau jour d’été, José Mittaz accompagné de Christian Constantin s’est plié avec délice à l’exercice de la visite guidée de l’Hospice, cet « ouvrage porteur de sens et d’espoir », dont il a initié la rénovation en 2013. Dans ces lieux à jamais emblématiques du Col du Grand-Saint-Bernard, dont le lac serti de montagnes imposantes relie la Suisse à l’Italie, les symboles égrenés au fil de la rencontre se sont ajoutés au chapelet solide de l’amitié des deux hommes. Point d’ancrage de leur complicité faite de respect et d’admiration réciproque, l’établissement mythique à la tradition d’accueil millénaire qui a dévoilé un peu plus de ses mystères…

Certaines visites ne seront jamais redondantes : vous pouvez passer mille fois à l’Hospice du Grand Saint-Bernard, cet endroit légendaire façonné par l’hospitalité des chanoines, le mythe du Saint et des fameux chiens du même nom qui le fixèrent solidement dans l’histoire régionale et internationale, et voir ressurgir quelque anecdote enfouie, éprouver un sentiment inexploré, ressentir une émotion neuve. C’est dans cet état d’esprit que José Mittaz, qui fut chanoine pendant neuf ans à l’Hospice jusqu’en 2016 et qui à présent officie en tant que curé à Bagnes, guida son ami Christian Constantin sur ces lieux qu’ils affectionnent tous les deux : « Il y a du sens, ici », résume Christian. « On peut aller plus profondément dans le propos, dépasser le terre-à-terre. »

José Mittaz avec Christian Constantin à l'Hospice du Grand-Saint-Bernard

 Toute rencontre recèle en elle une part de divin. Celle avec Christian n’échappe pas à la règle. Je vois en lui, au-delà de la carapace de l’entrepreneur, quelque chose de profondément humain. »

José Mittaz

S’approcher des étoiles… pourquoi pas carrément du ciel, lorsque la visite est guidée par José : à chaque pan d’histoire dévoilé, chaque objet décrit, chaque pièce commentée à la lumière de l’expertise du chanoine, ce dernier ouvre non seulement les portes de l’église, de la chapelle, de l’auberge ou du musée, mais surtout celles qui nous permettent d’effleurer cette spiritualité qui transcende les lieux. « Ils me parlent, car ils symbolisent cette capacité que l’on a tous de créer du positif : de ces terres inhospitalières, nos ancêtres, leurs descendants en ont fait un lieu d’accueil que nous-mêmes nous évertuons à faire perpétuer en tant que tel. » Et de pousser la réflexion dans le fabuleux champ illimité des possibles, à l’aide d’une image fort symbolique : « Tout peut être transformé : voyez ces anciennes pelles retrouvées sous l’Hospice ; elles sont devenues les capes des sculptures des pèlerins sis dans la chapelle. Au travers de la douceur de leurs nouvelles formes, elles invitent à l’ouverture, au cheminement intérieur… Cette métamorphose s’applique aussi aux émotions : la colère peut être utilisée en énergie positive pour construire du beau, du bon. »

Une question de vie… et de mort

Les émotions furent en effet d’emblée fortes et percutantes ce matin de juillet, dans l’air estival alpin fréquenté et tellement inspirant… L’accueil chaleureux de José avec lequel le contact s’instaura facilement colla parfaitement à la spontanéité de Christian. Si la rencontre a débuté sur un ton plutôt badin qui resurgira ça et là au gré de la journée témoin du degré de connivence et de complicité qui unit les deux hommes, elle a su garder le sérieux qui convient à l’édifice religieux en s’orientant naturellement vers le vif du sujet : la spiritualité. Vaste domaine qui permit aux deux amis d’aborder sans détours, mais avec délicatesse les questions telles que le sens de l’existence, l’attitude face à la mort, la qualité de la foi… tout est abordé sans ambages, mais avec une sincérité couplée à un grand respect. Beaux instants de vérité, de pure humanité qui ont le pouvoir bienveillant de rassembler. « Nous existons à travers l’autre, grâce à ce que nous lui donnons », aime d’ailleurs répéter José, en scannant Christian : « Sa gestuelle parle pour lui : je parviens à déceler en lui les petits moments d’hésitation, d’incertitude ou d’angoisse qui font de lui une personne attachante et sensible. Beaucoup d’humanité vit en lui. C’est d’abord l’homme que je vois avant ses fonctions. »

De mêmes valeurs

Alors qu’à l’initiative de José plusieurs projets furent développés au Col, tels que la reprise de l’Hôtel rebaptisé l’Auberge ainsi que la création du Musée, José le curé rencontra à l’époque Christian l’entrepreneur-mécène : « Il a cru en ce projet de Musée et a accepté de le financer en partie. » Cette convergence d’intérêts pour les valeurs patrimoniales permit aux deux hommes d’apprendre à se connaître : « José me fascine. Cette infinie persévérance dans la foi, cette endurance du don de soi et du cœur, cette indélogeable capacité à croire envers et contre tout me donne de l’espoir. »  

Romy Moret

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