Julien Beaud : sa quête de l’histoire des remontées mécaniques

Passionné de remontées mécaniques, plus particulièrement celles de Verbier, Crans-Montana et Champéry, Julien Beaud, qui voue une grande admiration pour l’ancien constructeur Giovanola à Monthey, collecte depuis 2014 des documents issus des archives cantonales, fédérales, des sociétés privées de remontées mécaniques, ainsi que de celles de particuliers. Un travail titanesque qui permettra à l’étudiant en master en économie de l’université de Neuchâtel de publier à terme une photothèque et un reportage complet et exhaustif sur l’histoire de ces remontées mécaniques et qui seront publiés et mis gratuitement à disposition sur le site www.remontees-mecaniques.net

Julien Beaud, en quête de l’histoire des remontées mécaniques, en particulier celles de Téléverbier. 
  • Julien Beaud, comment est née cette passion ?

Tout jeune lorsque j’observais les poulies de l’ancien télésiège latéral deux places du Weissenstein à Soleure près de Bienne tourner dans tous les sens, cela me fascinait ! Admirer cette mécanique simple et ingénieuse, cette beauté technique, tout comme celle des installations du Val d’Anniviers ( où je séjournais enfant étant originaire de Sierre) donné le désir d’aller plus loin et a marqué le début de cette passion qui m’anime toujours.

  • Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui dans le mode de construction ?

La plus grande différence se situe au niveau de la technique et du nombre de constructeurs: il existait une multitude de constructeurs différents qui possédait chacun son savoir-faire.  De chaque installation émanait la « signature » de la technique du constructeur à travers laquelle on lisait son savoir-faire au service d’un sur-mesure épatant. Aujourd’hui, le mode de construction est homogénéisé, aussi du fait que ne subsistent que 2-3 grandes sociétés de construction de remontées mécaniques. Je regrette ces particularités du passé, cette passion qui vivait dans les spécificités de chaque construction… Chaque installation avait sa propre identité… Je pourrais citer par exemple ce constructeur aujourd’hui disparu, Oehler, qui pour se différencier avait développé des cabines débrayables… Pour info, ce constructeur était vraiment très spécial, entre une mécanique un peu douteuse et la dangerosité des installations, c’était vraiment une aventure d’emprunter ses installations. À Montana, le télécabine était tellement peu fiable (cabines qui tombaient, pylônes qui se pliaient et le câble qui déraillait) que la société a souhaité rapidement changer d’installation mais l’Office Fédéral des Transports refusa au titre d’installation précurseure.

  • De quelle manière procédes-tu?

Je récolte des informations, des documents. J’ai consulté tous les fonds d’archives cantonaux et fédéraux, ainsi que ceux des sociétés privées. Dernière étape de ma quête, je vais à présent à la rencontre des collectionneurs afin d’étoffer encore ma documentation et constituer une photothèque, qui me permettra de partager ces connaissances gratuitement et librement. Avec les particuliers, il s’agit vraiment de faire comprendre ma démarche participative, ainsi que la pertinence des buts poursuivis.  Je ne viens jamais pour prendre, mais pour en apprendre plus. Mon objectif n’est pas d’emmagasiner juste pour moi, mais d’échanger nos connaissances.

  • Comment définirais-tu ta démarche ?

C’est une passion, une quête, une œuvre d’art que je cherche à terminer. J’ai un but précis : je sais ce que je recherche et ce que je veux en faire. Rembobiner le fil de l’histoire complète de l’ensemble des télécabines de Verbier, Crans Montana et Champéry. Ces trois sociétés ont quelque chose en plus que les autres n’ont pas. L’étape finale sera de constituer un reportage complet qui retrace l’intégralité des télécabines de Verbier. J’ai l’immense chance d’être reconnu dans mon travail par Téléverbier SA et en particulier par son directeur d’exploitation Lionel May, que je remercie.

  • La découverte la plus surprenante que tu aies faite ?

A l’époque, ils avaient pour projet de relier Verbier à Sion en télécabine. Le projet orignal de Rodolphe Tissières, alors directeur de Téléverbier, consistait en un chapelet de télécabines jusqu’à Sion. Si ce projet avait pu être concrétisé, on aurait pu rallier Bruson à Sion. Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est de relever que Téléverbier avait déjà des projets de liaison.  Et surtout qu’ils voyaient déjà l’avenir avec des installations reliant les plaines aux vallées. L’idée était de parquer la voiture sur une place et ne plus la toucher pendant tout le long des vacances (ou même venir en train) avec une station complètement pensée et faite pour optimiser au mieux le séjour du skieur (comme Avoriaz). L’ouverture du télécabine du Châble était véritablement un coup de génie en 1975. On pouvait aller de Genève jusqu’aux pistes en environs 2 heures, et cela sans prendre la voiture à l’essence chère (crise pétrole années 70).

Romy Moret

Vue des deux télécabines parallèles de Médran avec à gauche le premier télécabine 2 places de 1950 (remplacé en 1984) et à droite le télécabine 4 places de Médran 2 de 1966 (remplacé en 2001).
Toute première gare de Médran à Verbier avec ses nouveaux bureaux de 1960. Ils n’y a pas encore le second télécabine parallèle, configuration toujours existante aujourd’hui et qui fait la marque de la liaison Verbier-Ruinettes.

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