Alex Bujard en fait tout un fromage !

Petit coup du début, du milieu, de la fin. Le patron du Caveau est sur tous les coups: il a véritablement saisi le timing correct pour agrémenter ses excellentes raclettes issues de fromages divinement préparés par les laiteries de la région. Fervent admirateur des belles et bonnes choses, il sait qu’on a le droit de regarder mais pas de toucher : obéissant à cette règle de petit garçon bien rangé, du moins en ce qui concerne le fameux « pâte dure », Alexandre Bujard ne croque pas dans ses demi-meules, mais les sert à ses clients dans son restaurant le Caveau sur la place centrale de Verbier. Véritable showman, son tablier « J’aime la raclette » bien attaché, Alex en fait souvent tout un fromage: CHEESE!

Il est derrière le bar, dans la salle au service, près de son racleur, au téléphone, à la cave: Alexandre Bujard est partout à la fois, travaillant efficacement tout en lançant sourires, œillades et vannes désopilantes. Dans son Caveau aux allures de carnotzet géant et dans lequel on entre par une belle porte issue d’un tonneau, ça fleure bon le fromage fondu, les langues se délient humectées au fendant, les papilles se grisent aux saveurs de raclettes issues des 686 pièces de fromage à raclette par année soigneusement sélectionnées par le patron dans les laiteries locales, essentiellement la fromagerie de Verbier. Bercé par les douces turbulences menées par l’homme-orchestre au tablier de cheese-lover mais qui n’ingère pas, le client décèle au sein de l’équipe un réel enthousiasme qui réchauffe les cœurs: Vincent, Cyril, Romain… certains sont là depuis depuis des années, tous sont en ébullition autour du patron dont la frénésie n’a d’égale que la sympathie : quelques instants de pause derrière le bar et voilà qu’il dégaine jeux de mots, piques et gags aussi vite que le verre à shot. On ne sait pas qui de la gentiane ou du patron a plus de qualités « coup de fouet »!

Le bâtiment qui abrite aujourd’hui Le Caveau a été créé en 1962 par le grand-père d’Alexandre, un architecte de Lausanne: « Il a épousé Jeanne Michellod de Verbier pendant qu’il était à la mobilisation. Avant, il y avait un kiosque à musique qui vendait des cartes postales et louait des luges. Ils l’ont transformé en restaurant, parce que dans ma famille Michellod ils tenaient déjà le café du village, « chez Denis Michellod », par ailleurs le premier café de Verbier. » Mon grand-oncle, mon oncle, mon frère et moi, nous nous sommes succédés à la gestion du restaurant qui possède aussi une cave où l’on affine aussi bien les pièces de fromage que l’art de la plaisanterie: les tablards recèlent autant de demi-meules que les tabliers cachent de gags en béton interdits aux visiteurs « durs à la comprenaille »…

Véritable showman, énergique et enfiévré, le patron sait « chauffer » ses interlocuteurs: il sait transformer en un tourne-main une situation au point mort en véritable frénésie. Jonglant d’un jeu de mots à un autre, polyglotte au franc-parler, le Verbiérain sait (s’)amuser, alliant le plaisir au devoir. Cultivant le paradoxe en virtuose, il manie la vanne aussi bien qu’il gère son établissement et ses 14 employés. L’on s’autorise à s’écarter de la norme que lorsqu’on la connaît. Les sursauts fébriles du patron s’accommodent en effet fort bien de labeur: travail accompli et agréments réussis vont de pair dans l’antre du magnanime Alexandre qui numérote ses assiettes dont il adore la 69: c’est son côté « pinailleur » ou « pointilleux »…

L’anecdote phonétique: pour les intimes et ceux qui vont le devenir, Alexandre Bujard, c’est « Brouillard »: «  Tous les Anglais à Verbier m’appellent ainsi, car ils n’arrivent pas à prononcer Bujard. » L’anecdote paradoxale: « Brouiar » choisit, racle et sert de la raclette, mais ne mange pas de fromage ( vous l’aurez peut-être déjà comrpis) Si les cordonniers sont les plus mal chaussés, Alex « chaud patate et à fond cornichon » met cependant ce produit en exergue de la meilleure des façons: « Je peux dire à l’œil, au nez et au toucher si le fromage est bon. Enfin, l’anecdote déguisée : « Nous fermons tous les Mardis Gras le restaurant pour faire notre sortie annuelle du staff. Cette année, nous allons à Leysin faire du toboggan. » Si Alex adore faire le cirque, il déteste en revanche les confettis…

Romy Moret

Commentaires (6)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *