Sur les hauteurs d’Aoste, Pila se dresse comme un balcon suspendu au-dessus de la vallée. C’est ici que Davide Vuillermoz, plus connu sous le surnom de Willy, a grandi, les skis aux pieds et les yeux rivés vers les sommets. Aujourd’hui président des remontées mécaniques de la station, il est bien plus qu’un gestionnaire : c’est un passionné, un bâtisseur, un homme habité par l’esprit de la montagne.
Dans cette première partie de ce reportage sur le domaine skiable de Pila, nous rencontrons Ivan Cottino, directeur de l’Ecole de ski Evasion et Davide Vuillermoz, président du domaine skiable de Pila.
D’un enfant des pistes à président
Né à Aoste, Willy a découvert le ski comme beaucoup d’enfants de la région: par le biais de l’école, les mercredis après-midi. « J’ai toujours eu le feeling avec la neige », confie-t-il. Très vite, ce jeu devient une vocation. Il enchaîne les compétitions, intègre l’équipe italienne de ski et se forge un destin sur les pistes. Mais la montagne, il ne veut pas seulement la dévaler ; il veut aussi la transmettre. Moniteur, formateur, entraîneur… il explore toutes les facettes du ski avant de basculer vers le tourisme en prenant la direction de l’école de ski de Pila. C’est là qu’il découvre une autre dimension du métier : attirer les skieurs, faire vivre une station, penser au-delà du sport. « Les compétitions, c’est une partie de l’hiver, mais derrière, il y a un monde incroyable et fascinant. » Il apprend beaucoup en France, notamment aux Deux Alpes, où il passe 18 étés et se lie aux professionnels du tourisme de montagne. Une expérience qui lui servira lorsqu’il prend, en 2014, la tête des remontées mécaniques de Pila.
Pila, un joyau taillé pour le ski
Pour Willy, Pila possède un atout que peu de stations peuvent revendiquer : son emplacement naturel exceptionnel. « La nature nous a donné une chance incroyable », reconnaît-il. La station, nichée dans une conque, est en effet protégée du vent et orientée au nord, garantissant une neige de qualité jusqu’à la fin de la saison. Toutefois diriger une station, ce n’est pas juste gérer des remontées. C’est penser de manière globale. « Il est impératif de garder une mentalité commerciale, pas juste pour le ski, mais pour tout ce qui l’entoure : les moniteurs, les restaurants d’altitude, les hôtels, la location. » Par conséquent, il aspire à ce que Pila soit un lieu vivant, attractif toute l’année.
Dans la deuxième partie de ce reportage sur le domaine skiable de Pila, nous rencontrons Katia Albanese, directeur de l’Ecole de ski Evasion et Dorino Bonin, propriétaire de l’hôtel Tivet.
Une vision tournée vers l’avenir
Sous son impulsion, la station s’ouvre à un nouveau public. L’un des projets majeurs réside dans la construction d’une télécabine permettant aux non-skieurs d’accéder au sommet et de profiter du panorama sur les 4000 environnants. « Jusqu’à l’an dernier, seuls 2,8 % des visiteurs de la station montaient jusqu’au sommet. C’était réservé aux bons skieurs. On voulait changer ça. » Le projet, conçu avec un concours d’architectes, s’articule autour d’un bâtiment en étoile, chaque pointe orientée vers un sommet emblématique. Son nom ? L’Étoile du Couis, en référence au vent qui souffle sur Pila et façonne le relief. Mais l’ambition pour le domaine ne s’arrête pas là. Une liaison avec Cogne est à l’étude, portée par la région autonome du Val d’Aoste. « Cela fait 30 ans qu’on en parle, mais cette fois, le projet avance. En juillet, un document déterminant le meilleur tracé et son coût devrait être finalisé. » Un lien qui renforcerait encore l’attractivité de Pila et son rôle central dans le tourisme alpin.
Dans la troisième partie de ce reportage sur le domaine skiable de Pila, nous rencontrons Roberto Giunta, guide du Parc National du Grand Paradis et Sandro Martinet, propriétaire du restaurant la Chatelaine.
Un pont entre le Valais et le Val d’Aoste
Si Pila attire des skieurs italiens, elle séduit aussi les Valaisans. « Nos amis suisses viennent parfois autant pour skier que pour bien manger, » plaisante Willy. L’attrait de la gastronomie italienne, le bon vin à prix abordable et l’ambiance chaleureuse jouent en faveur de la station. Les échanges sont d’ailleurs facilités par le carnet de bons avec Verbier, qui permet aux skieurs des deux côtés de la frontière de profiter d’avantages. Pour Willy, ces liens transfrontaliers sont essentiels. « Nous, gens de montagne, avons une sensibilité particulière à notre environnement. Ce que nous partageons avec le Valais, c’est cet amour du ski et cette envie de préserver cet héritage. »
Le silence de la neige et l’écho du passé
Dans la dernière partie du reportage sur Pila, nous abordons son histoire, à travers le développement touristique du domaine skiable, avec Jérôme Munier, auteur d’une thèse sur le sujet.
Quand on lui demande son plus beau souvenir à Pila, Willy marque une pause. « C’est un son, plus qu’une image. Le bruit des téléskis qui claquent dans le silence, la neige qui absorbe tout. Ce souvenir d’enfant, je l’ai encore parfois quand je me tiens là, à regarder la station. » Mais si la nostalgie est là, c’est avant tout vers l’avenir qu’il regarde. Avec la modernisation de Pila, les nouvelles infrastructures et les projets ambitieux, il veille à ce que la montagne qu’il aime continue de vibrer au rythme des passionnés de glisse. Son conseil pour les Valaisans : « Si vous venez skier ici, faîtes les pistes 1, 2 et 3, du côté du Chamolé. En pleine forêt, c’est là que la magie opère. »
Romy Moret